Lunettes de soleil : en 2023, 169 millions de paires ont été vendues dans le monde, selon Euromonitor. Mieux : le marché devrait grimper de 5 % supplémentaires en 2024, dopé par les verres intelligents et les influenceurs TikTok. Pas étonnant : entre innovation optique et esthétique pop, ces accessoires se hissent aujourd’hui parmi les plus fortes croissances du secteur de la mode. Décryptage, chiffres à l’appui, d’un objet jadis utilitaire devenu statement culturel.

Anatomie des lunettes high-tech 2024

À Paris, lors du salon Silmo d’octobre 2023, les prototypes connectés faisaient la une. Plusieurs tendances lourdes se confirment.

Des matériaux ultra-légers… et ultra-solides

Les fabricants misent sur le graphène (200 fois plus résistant que l’acier) et sur le bio-acétate issu de fibres de coton. Résultat : montures de moins de 18 g en moyenne, contre 25 g il y a cinq ans. Le japonais Matsuda a ainsi présenté une ligne premium de 14 g, record homologué par le centre de tests TÜV Rheinland.

Des verres dopés à la science

  • Traitement antireflet plasma : baisse de 30 % de la fatigue oculaire (rapport Essilor 2023).
  • Filtre UV400 généralisé : blocage de 99,9 % des UVA/UVB, exigence adoptée dans l’UE depuis janvier 2024.
  • Revêtement oléophobe (anti-trace) piloté au laser femtoseconde : gain de netteté mesuré à +12 % par l’Institut Fraunhofer.
  • Capteurs intégrés (thermomètre et baromètre) chez Ray-Ban Meta : déjà 80 000 unités écoulées en six semaines.

Ces données confirment un basculement : la technologie n’est plus un gadget mais un argument d’achat prioritaire.

Pourquoi les filtres photochromiques battent-ils des records de vente ?

La requête revient souvent : « Faut-il choisir des verres photochromiques pour le quotidien ? ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

En 2023, 36 % des nouvelles références répertoriées chez Oakley, Lacoste ou Persol intégraient cette technologie. Le syndicat français de l’optique anticipe 42 % en 2024. Pourquoi cet engouement ? Trois facteurs clés :

  1. Urbanisation galopante : 56 % des humains vivent désormais en zone urbaine (ONU 2023), où la réverbération se démultiplie entre façades vitrées et bitume chauffé.
  2. Transition sportive-lifestyle : les consommateurs veulent un même produit pour courir le matin et bruncher le midi.
  3. Réglementation automobile : la directive européenne 2023/218 impose un taux de transmission lumineuse spécifique pour les conducteurs. Les verres photochromiques s’y adaptent automatiquement.

Qu’est-ce qu’un indice UV400 ?

L’indice UV400 garantit que toutes les ondes lumineuses jusqu’à 400 nm sont filtrées, couvrant la totalité des UVA et UVB. C’est aujourd’hui le standard minimal recommandé par l’OMS. Les alternatives (UV380, UV100) ne bloquent qu’une partie du spectre et laissent passer 15 % d’UVA. Clair, net, sans dérision possible : optez pour UV400 ou restez à l’ombre.

Des podiums aux stories : quand la mode devient data

En juin 2023, Balenciaga lançait en défilé des solaires XXL rappelant Trinity dans Matrix, immédiatement transformées en filtre Instagram. Dix jours plus tard, la requête « lunettes cyber chunky » explosait de 190 % sur Google Trends. Le lien est désormais mécanique.

D’un côté, les maisons historiques (Prada, Gucci) jouent la carte de l’archive, rééditant les silhouettes des années 70. De l’autre, les DNVB (marques 100 % digitales) comme Hawkers ou Jimmy Fairly ouvrent chaque collection aux votes de leur communauté. Entre nostalgie analogique et immédiateté numérique, la bataille se joue sur… la data. Plus un modèle est enregistré dans les wishlists, plus vite il passe en production limitée.

Petit clin d’œil : le Musée du Design de Londres prépare pour 2025 une rétrospective intitulée « Shades of Influence ». Elle racontera comment les photos de célébrités, de Michael Jackson à Zendaya, ont façonné nos préférences optiques. La boucle est bouclée : l’histoire nourrit l’algorithme, l’algorithme réécrit l’histoire.

Zoom sur les enjeux économiques d’un marché éblouissant

Selon Statista, le segment mondial des solaires pèsera 38,4 milliards de dollars en 2024. L’innovation représente déjà 21 % de cette valeur. L’Europe reste la zone la plus lucrative (33 % des ventes) grâce à un panier moyen de 147 €. Les États-Unis dominent en volume, mais la Chine affiche la croissance la plus rapide : +11 % annuel, portée par la génération Z urbaine de Shenzhen à Shanghai.

Les projections internes du groupe LVMH tablent sur un doublement de la marge brute d’ici 2027 via trois leviers :

  • Intégration verticale (rachetant ses propres usines de verres).
  • Personnalisation à la carte en boutique.
  • Déploiement d’essayages en réalité augmentée.

Perspective intéressante : les pays du Golfe investissent massivement dans la filière, alignant la tendance clean beauty (anticernes UV, soin de la peau) et celle des accessoires premium. De quoi créer des passerelles éditoriales futures avec des sujets connexes sur la crème solaire minérale ou les tissus anti-UV déjà traités sur ce site.


Une paire de lunettes ne se résume donc plus à un simple filtre teinté : c’est un concentré de science, de storytelling et de stratégie business. En tant que journaliste et analyste, je scrute ce triangle avec fascination. Si, comme moi, vos rétines frétillent à l’idée de la prochaine innovation, restez dans l’ombre… mais gardez un œil bien ouvert sur nos prochains décryptages.