Lunettes de soleil : en 2023, il s’en est écoulé 1,05 milliard de paires dans le monde, soit +7 % par rapport à 2022. Autre chiffre qui fait plisser les yeux : 68 % des acheteurs veulent désormais un filtre bleu intégré, selon l’institut GfK. Face à cette frénésie, les collections 2024 jouent la surenchère technologique… mais pas seulement. Décryptage froid, avec un soupçon de dérision bien dosé.
Lunettes de soleil 2024 : quelles ruptures techniques chamboulent le marché ?
Les retombées du CES de Las Vegas 2024 résonnent encore. La start-up californienne Chromasight y a présenté des verres électro-photochromiques changeant de teinte en 0,2 seconde. Pour mémoire, les premiers verres Transitions (1990) mettaient 45 secondes. Une révision musclée de la notion de « réactivité ».
2024 marque aussi l’arrivée des montures bio-acétate à 80 % d’origine végétale, dopées par les brevets de Safilo et d’Eastman. En chiffres : 52 % des modèles premium exposés au dernier Mido de Milan affichaient une composition partiellement biosourcée. L’écologie n’est plus un bonus marketing, c’est une clause d’entrée chez LVMH ou Kering.
H3 Ajustements invisibles, gains tangibles
Les charnières à mémoire de forme en titane Grade 5, adoptées par Oakley, réduisent de 35 % la casse SAV. EssilorLuxottica promet, de son côté, un traitement antireflet hydrophobe qui tient 25 000 cycles de micro-abrasion, testé à Créteil en janvier 2024. Oui, les labos se déchaînent ; votre nez remercie.
H3 Design rétro… moteur électrique
Le revival des années 70 continue, mais il s’alimente de procédés futuristes : impression 3D SLS pour les ponts doubles, découpe CNC laser pour les reliefs texturés. Résultat : un Ray-Ban « Jackie 24 » pèse 18 g, contre 32 g pour sa version d’archive. Moins de poids, plus de ventes : +14 % au premier trimestre, selon BNP Exane.
Comment choisir des verres réellement protecteurs ?
La question surgit sur Google 2 000 fois par mois, et pour cause : 43 % des porteurs ignorent la différence entre UV 400 et polarisés (enquête OpinionWay, 2023). Réponse condensée :
- UV 400 : bloque 99,9 % des rayons UVA et UVB (jusqu’à 400 nm). Indispensable, même à l’ombre.
- Polarisant : filtre la lumière réfléchie horizontale, utile à la plage ou au volant.
- catégorie 3 : teinte classique pour usage quotidien.
- catégorie 4 : haute montagne, interdite à la conduite.
Petite nuance : un verre peut être polarisant sans offrir un vrai UV 400. Vérifiez toujours le marquage CE et la norme ISO 12312-1 :2013.
H3 Est-ce que la couleur influence la protection ?
Non, c’est l’indice de filtration qui compte. Un verre rose peut protéger mieux qu’un sombre inutile. Parole de technicien, pas de marketeux.
Influence, économie, réseaux : la bataille de l’image
D’un côté, les géants du secteur pèsent lourd. EssilorLuxottica annonçait 24,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, dopé par les licences Prada et Versace. De l’autre, les micro-marques direct-to-consumer séduisent la Gén Z via TikTok. Exemple : Hawkers, née à Alicante, a écoulé 7 millions de paires en dix ans sans boutique physique.
Sur Instagram, le hashtag #sunglasses franchit le cap des 53 millions de publications en février 2024. La conséquence : une durée de vie moyenne d’une tendance chute à 4,7 mois (cabinet Launchmetrics). Les maisons historiques compensent par des capsules éclair : Dior Solar Sessions s’est vendue en 72 heures en ligne. Rapide, mais épuisant pour la planète… et pour le portefeuille.
H3 L’influenceur vaut-il encore son cachet ?
Le CPM moyen d’un créateur mode sur YouTube est passé de 19 € à 12 € entre 2022 et 2024. Les marques réallouent donc 28 % de leur budget vers le live shopping, popularisé par Alibaba. Une évolution à surveiller, surtout si vous vendez aussi des sacs ou des montres connectées.
Entre hype et durabilité, quelle trajectoire demain ?
Le marché des lunettes de soleil flirte avec 41 milliards de dollars en 2024 (Allied Market Research). Croissance prévue : +6,8 % par an jusqu’en 2030. Pourtant, le consommateur se fatigue des collections éclair. D’un côté, le plaisir immédiat d’un coloris « apricot crush ». De l’autre, la conscience écologique qui gronde.
Les initiatives circulaires s’organisent. Eyes Reuse, programme pilote à Berlin, collecte les solaires usées, désassemble verres et montures, puis réinjecte la matière dans la chaîne. 120 000 paires reconditionnées en 2023 : goutte d’eau, mais signe des temps.
Je note aussi la montée des certifications B-Corp dans l’optique (Parafina, Pala). Leur score d’impact social devient un argument de vente aussi fort qu’un filtre polarisé. À méditer avant de remplir votre panier virtuel.
Mon regard de journaliste reste fasciné par ce cocktail de science, d’esthétique et d’économie. Si vous hésitez encore entre bio-acétate et titane, ou si la différence entre UV 400 et 420 vous taraude, gardez cet article sous la main. Et revenez bientôt : je prépare un test comparatif terrain au Mont-Blanc… lunettes brandies face au soleil et à la vérité.