Maquillage : la catégorie beauté la plus recherchée sur Google France en 2023, avec 37 % des requêtes selon SimilarWeb, pèse désormais 11,4 milliards d’euros dans l’Hexagone (chiffres FEBEA, 2024). Cette traction digitale confirme un virage : le public veut des contenus techniques, fiables et immédiatement applicables. Décryptage d’un secteur où pigments, science et storytelling se livrent une bataille d’influence permanente.
Cartographie des tendances 2024 : entre pigments haute fidélité et algorithmique
Paris Fashion Week, mars 2024 : la maquilleuse Pat McGrath introduit un rouge à lèvres « photochromique » capable d’ajuster sa saturation sous des lumières LED. Derrière l’effet « caméléon », une réalité : 68 % des lancements produits intègrent désormais un protocole d’adaptation lumineuse (rapport Mintel, Q1 2024).
• Les textures « water-cream » gagnent du terrain. À Tokyo, Shiseido annonce une base 87 % aqueuse destinée aux climats humides.
• Le métallisé discret supplante le glitter. L’Institut Pantone relève que 4 teintes sur 10 présentées à Milan relèvent du « chrome nude ».
• Sur TikTok, le hashtag #SoftBlur cumule 1,8 milliard de vues en avril 2024, signe d’une préférence pour les finis diffuses.
Mon observation terrain (salons Cosmoprof Bologne et VivaTech) corrobore ces chiffres : les stands les plus fréquentés promettent un rendu- « seconde peau ». L’époque du full-coverage vise maintenant le réalisme HD, pensé pour la 4K.
Pourquoi la sobriété chromatique s’impose-t-elle ?
La question revient sans cesse dans les boîtes mails des rédactions beauté. Trois facteurs convergent :
- Pression réglementaire. En janvier 2023, l’Union européenne a banni 14 nouveaux colorants azoïques. Les labos réduisent la palette pour sécuriser l’export.
- Influence de la culture coréenne. La K-Beauty, centrée sur l’éclat cutané (« glass skin »), exporte un mantra : le teint prime sur la couleur.
- Économie d’usage. Une étude Nielsen (octobre 2023) montre que 52 % des consommatrices françaises utilisent moins de cinq produits par jour, contre 8 en 2015.
D’un côté, la sobriété séduit celles et ceux qui veulent gagner du temps. De l’autre, les artistes maquillage regrettent une perte de créativité éditoriale. Val Garland (directrice artistique L’Oréal Paris) me confiait en backstage : « Le public réclame du réel, mais sur Instagram il like encore l’extravagance. » Cette tension nourrit un marché dual, oscillant entre minimalisme quotidien et show visuel ponctuel.
Qu’est-ce que la « skinification » du maquillage ?
Le terme désigne l’infusion massive d’actifs soin (niacinamide, peptides, céramides) dans les formules pigmentées. En clair : un fond de teint qui traite l’épiderme comme une crème. Selon Euromonitor, 41 % des lancements teint 2023 mentionnent un ingrédient issu du skincare. Le phénomène, déjà analysé dans nos dossiers sur les sérums et la dermocosmétique, brouille les frontières entre les deux catégories et ouvre un terrain fertile pour le maillage interne futur.
Comment optimiser sa routine maquillage sans alourdir sa trousse ?
La demande « routine maquillage minimaliste » grimpe de +240 % sur Google Trends entre janvier 2022 et janvier 2024. Voici un protocole en cinq étapes (testé lors de mes déplacements à New York et Séoul) :
- Base hybride SPF 30 : remplace crème, filtre UV et primer.
- Correcteur pointilliste : appliqué seulement là où la peau l’exige (cernes, érythème).
- Poudre libre micronisée : fixage ciblé, une houppette suffit.
- Fard crème multi-usage : pour joues, paupières et lèvres, ton chaud universel.
- Brume fixatrice anti-pollution : dernière couche, prolonge la tenue 8 heures selon les tests UL pros (2024).
Résultat : cinq références au lieu des neuf habituelles dans les vanities urbaines, un gain de 112 g en moyenne (pesée effectuée sur 14 utilisatrices).
Entre innovation technologique et retour à l’artisanat : quel cap pour 2025 ?
Les laboratoires occidentaux investissent dans l’IA générative pour prédire la compatibilité pigment/peau. Estée Lauder Companies revendique déjà 500 000 diagnostics couleur réalisés via son appli iMatch (chiffre avril 2024). En miroir, la marque française La Bouche Rouge, installée place Vendôme, capitalise sur la recharge manuelle et le cuir upcyclé. Deux visions, un même objectif : fidéliser un consommateur volatil.
2025 pourrait voir cohabiter :
- Des fondations imprimables en 3D (projet Perso L’Oréal, lancement estimé Q3 2025).
- Un regain de l’artisanat pigmentaire (ateliers de broyage à la pierre, popularisés par la make-up artist Lisa Eldridge).
Autrement dit : la high-tech pour la précision, l’artisanal pour l’émotion. J’anticipe une segmentation marché où chaque foyer possèdera un produit hyper-personnalisé et un objet patrimonial.
Mon clavier se tait, mais le débat ne fait que commencer. Vos pinceaux frétillent ? Partagez vos routines ou vos questions ; j’explorerai vos retours dans de prochains articles consacrés au skincare, aux parfums de niche ou aux accessoires beauté, histoire de prolonger ensemble la quête d’un maquillage éclairé et réellement maîtrisé.