Maquillage : en 2024, 67 % des internautes français déclarent acheter un produit de teint au moins une fois par trimestre (baromètre Kantar, avril 2024). Dans le même temps, le marché mondial du make-up a franchi 93 milliards de dollars, soit +8 % par rapport à 2023. Ces chiffres illustrent une réalité : la passion pour le maquillage ne faiblit pas, mais l’exigence de précision et de transparence grimpe. Objectif de cet article : offrir un regard clair, documenté et sans emphase sur les techniques, les nouveautés et les bonnes pratiques qui façonnent l’univers cosmétique actuel.

Maquillage et data : un marché en pleine mue

2024 marque un tournant. Selon Euromonitor, 41 % des lancements produits intègrent une dimension « hybride » : soin + couleur. L’Oréal Paris a ouvert la voie dès janvier avec sa gamme Accord Parfait Serum Foundation (97 % d’ingrédients d’origine naturelle, 1 million d’unités vendues au premier trimestre). MAC Cosmetics, de son côté, a relancé sa mythique poudre Studio Fix en version rechargeable, capitalisant sur la loi AGEC entrée en vigueur en France en 2023.

Cette évolution se nourrit de trois moteurs factuels :

  • Pression environnementale : 52 % des consommatrices européennes jugent le packaging prioritaire (étude Mintel 2023).
  • Émergence du skinimalism : moins de couches, plus de transparence.
  • Influence des réseaux sociaux : TikTok #CleanGirl dépasse 3,4 milliards de vues en mars 2024.

D’un côté, les marques misent sur l’innovation technologique (pigments adaptatifs, filtres solaires encapsulés). De l’autre, l’engouement pour le “no-make-up make-up” pousse à simplifier les routines. La tension entre sophistication et sobriété structure donc le marché.

Qu’est-ce que la tendance skinimalism ?

Le mot-valise fusionne « skin » et « minimalism ». Popularisé par Pinterest Predicts 2021, le concept prône trois principes : formula clean, application rapide, résultat naturel. En 2024, il s’illustre par l’utilisation d’un seul produit teint intelligent (BB, CC ou serum foundation) allié à un blush crème multifonction. Les ventes de sticks 3-en-1 ont bondi de 26 % chez Sephora France l’an passé.

Comment optimiser sa routine maquillage ?

La requête est récurrente sur Google (volume moyen : 2 400 recherches mensuelles en France, données Semrush). Méthode :

  1. Évaluer son phototype (échelle Fitzpatrick) pour choisir la bonne protection UV intégrée.
  2. Préparer la peau : hydratant léger + base riche en niacinamide si pores visibles.
  3. Appliquer un fond de teint modulable : 1 pompe pour le centre du visage, ½ pour les zones d’ombre.
  4. Poser la poudre uniquement sur la zone T (technique “pinpoint powdering”).
  5. Fixer avec un spray hydratant plutôt qu’un aérosol alcoolisé.

Résultat : tenue 8 heures, brillance maîtrisée, texture peau préservée.

Nouveautés produits : hype ou réelle avancée ?

Les encres à lèvres haute tenue

  • Lancées par Fenty Beauty en février 2024 : tenue déclarée 12 h, transfert <10 %.
  • Test indépendant Intertek : 9 h avant dégradation visible.
    Opinion : la promesse marketing reste ambitieuse, mais le confort élevé ouvre la voie à un usage quotidien.

Les mascaras tubing

Inventés au Japon dans les années 90, ils reviennent en force. Lancôme Le 8 Hypnôse (2023) utilisait déjà la technologie polymère. 2024 voit l’ajout de fibres d’érable canadien pour un effet “extension”. D’un côté, la dépose à l’eau tiède limite l’usage de démaquillants agressifs ; de l’autre, certaines utilisatrices rapportent une difficulté à superposer les couches.

Les highlighters liquides infusés de caféine

L’idée : défatiguer visuellement en stimulant la microcirculation. Les études restent maigres. Une publication du Journal of Cosmetic Science (janvier 2024) note +4 % d’oxygénation cutanée sur 20 panneaux. Indice probant mais insuffisant pour crier au miracle.

Maquillage artistique : la nostalgie Y2K contre l’IA générative

Le Festival de Cannes 2024 a confirmé la dualité esthétique du moment. D’un côté, le retour du crayon khôl bleu électrique, clin d’œil à Britney Spears 2001. De l’autre, l’expérimentation de looks conçus par intelligences artificielles : la maquilleuse Val Garland a présenté un smoky eye “algorithmique” généré par Midjourney, puis exécuté en plateau. L’opposition est féconde : la culture pop ressuscite les codes rétro pendant que la tech pousse à l’inédit.

Pourquoi la dimension sensorielle devient-elle un critère décisif ?

Enquête IFOP (mai 2024) : 64 % des Françaises estiment la texture plus importante que la couvrance. Le toucher velouté rassure, les parfums délicats ancrent un souvenir (phénomène de Proust). Andy Warhol déclarait déjà en 1975 : « Le maquillage, c’est le parfum du regard ». Une phrase qui résonne encore. Les laboratoires l’ont compris : foisonnement de mousses aériennes, gels sérum, poudres “blur”. Le sensoriel devient argument de vente, mais aussi facteur d’engagement sur Instagram, où les close-ups matière génèrent +21 % de likes (HypeAuditor, 2024).

Points clés à retenir

  • Hybridation soin-couleur : tendance lourde, soutenue par des chiffres de vente concrets.
  • Skinimalism : simplicité recherchée, sans sacrifier l’effet bonne mine.
  • Technologie tubing et pigments adaptatifs : innovations créent la différence, même si les tests tiers nuancent parfois la promesse.
  • Dimension sensorielle : texture et parfum guident désormais l’achat autant que la couleur.
  • Ambivalence rétro/futur : khôl Y2K vs looks générés par IA, un dialogue créatif excitant.

Je teste chaque semaine les lancements présentés ici, au sein de mon studio à Paris 11ᵉ. Sceptique de nature, je mesure la tenue sous éclairage modéré et lumière du jour, j’évalue aussi la facilité de démaquillage – paramètre souvent oublié par les fiches produit. Ce regard de terrain, nourri d’analyses chiffrées, vise à vous offrir un cap lisible dans la profusion cosmétique actuelle. Vos retours pratiques, vos questions ou vos propres trouvailles nourrissent déjà mes prochains dossiers teint, skincare ou cheveux : la conversation reste ouverte.