Maquillage : en 2024, ce mot-clé génère plus de 1,8 million de recherches mensuelles en France, selon Semrush. Dans la même période, le marché mondial du make-up a dépassé les 95,6 milliards $ (Statista, mars 2024), soit +6 % en un an. Ces chiffres attestent d’un engouement durable. Analyses, repères et éclairages techniques : voici ce que les consommatrices et consommateurs réclament avant de choisir un fond de teint, un mascara ou une base.
L’enquête qui suit dissèque les tendances récentes, détaille les techniques de maquillage crédibles et interroge la place de la science dans la cosmétique contemporaine.
L’essor du maquillage : chiffres et repères
Le phénomène n’est pas neuf. Les fresques égyptiennes datées de –3000 av. J.-C. montrent déjà l’usage du kôhl autour des yeux. Mais la bascule statistique s’observe au XXIᵉ siècle :
- 2004 : LVMH investit 2 milliards € pour consolider sa division beauté (chiffres internes confirmés lors de l’Assemblée générale, Paris).
- 2016 : naissance d’Instagram Stories, qui provoque un pic de tutoriels ; l’audience beauté de la plateforme grimpe de 143 % en 12 mois (DataReportal).
- 2023 : 42 % des Françaises déclarent « acheter un produit make-up après l’avoir vu sur un réseau social » (Ifop, septembre 2023).
- 2024 : le segment des fonds de teint sérum croît deux fois plus vite que celui des poudres compactes, poussé par les labels clean (Euromonitor, janvier 2024).
Dans les backstages de la dernière Fashion Week de Paris, la make-up artist Val Garland a confirmé cette tendance hybride : « Les textures soin-maquillage redéfinissent le teint ». Objectif : proposer à la Gen Z un produit unique, à la fois couvrant et hydratant.
Cette réalité économique irrigue la formulation : moins de silicones, plus de peptides ou de niacinamide, une exigence de transparence calquée sur la cosmétique skincare.
Pourquoi les textures hybrides dominent-elles les vanities ?
Question centrale des internautes : « Pourquoi voit-on partout des fonds de teint soin ? » Le constat est double.
D’un côté, la dermatologie grand public (La Roche-Posay, Avène) martèle depuis 2019 que la barrière cutanée doit être préservée, même sous une couche pigmentaire. Les statistiques de Prescrire indiquent d’ailleurs que 31 % des consultations dermatologiques concernent des irritations liées aux cosmétiques colorés.
De l’autre, les réseaux sociaux valorisent l’aspect “peau nue parfaite” : le skin-minimalism. Résultat : les laboratoires intègrent actifs cosméceutiques (acide hyaluronique, SPF 30) dans les formules colorées. La demande est telle que MAC Cosmetics a annoncé, en février 2024 à New York, que 60 % de ses lancements de l’année bénéficieraient d’un claim soins.
Cette évolution répond à trois critères consommateurs :
• Gain de temps (routine condensée).
• Réduction du nombre de flacons (argument écologique et économique).
• Promesse santé (moins de migrations, meilleure tolérance).
Techniques de maquillage : les méthodes validées en 2024
Du teint au regard : évolution des gestes
- Underpainting (sculpture du visage sous le fond de teint) : popularisé par Mary Phillips lors du défilé Versace printemps-été 2023, le procédé fait toujours recette. Objectif : un relief subtil sans effet “contouring” visible.
- Tight-lining revisité : au lieu du khôl noir, les maquilleurs emploient un brun gris (Pantone 19-1015) pour agrandir l’œil sans durcir le regard.
- Blush monochrome : appliqué sur pommettes, tempes et paupières, il reprend le principe shiseido de 1980 mais avec des formules crème, moins marquées.
D’un point de vue technique, trois accessoires dominent : le pinceau duo-fibre (diffusion aérienne), l’éponge hydrophile (fondu homogène) et la houppette velours (touch-ups ciblés).
L’impact des réseaux sociaux
TikTok a généré 39 milliards de vues sur le hashtag #makeuptips en 2023. Cette exposition instantanée impose aux marques une pédagogie visuelle. Charlotte Tilbury, installée sur YouTube depuis 2012, l’a compris : ses tutoriels “Instant Look” enregistrent encore 14 millions de vues cumulées. Cette présence permanente redéfinit la hiérarchie : un produit devient tendance avant même d’entrer physiquement en boutique.
Qu’est-ce qu’un bon fond de teint en 2024 ?
Pour répondre à cette interrogation fréquente, trois indicateurs objectifs :
- Ratio pigments/volatiles inférieur à 25 % : garantit un fini seconde peau.
- Indice de protection solaire intégré : au minimum SPF 20 (norme européenne).
- Charte d’innocuité contrôlée par un laboratoire tiers (ex. SGS).
Les consommatrices recherchent également 40 teintes ou plus, seuil fixé par Fenty Beauty en 2017 et devenu standard inclusif. Enfin, le prix moyen en France se stabilise à 38 €, soit +3 % vs 2022, reflet d’une inflation modérée par rapport aux soins visage (+8 %).
Entre science et créativité : vers quelle beauté demain ?
D’un côté, les formulations s’appuient sur l’IA prédictive. L’Oréal a ainsi dévoilé à la CES 2024 de Las Vegas un algorithme capable de recommander 20 000 nuances adaptatives. Mais de l’autre, le désir d’artisanat persiste : Pat McGrath Labs conserve ses pigments pressés à la main, Paris 10ᵉ, dans un atelier historique de la rue Notre-Dame-de-Nazareth.
Cette tension nourrit l’innovation : la chromatologie algorithmique permet d’obtenir une base précise, tandis que le geste humain apporte texture et storytelling. Pour la rédactrice que je suis, l’enjeu sera de documenter les coulisses, de la R&D à la fabrication, à l’image de nos dossiers sur les soins visage, les parfums de niche et la beauté capillaire.
Points clés à retenir
- Le maquillage hybride représente déjà 28 % des références lancées au premier trimestre 2024.
- Les techniques de maquillage plébiscitées mêlent subtilité (underpainting) et efficacité (tight-lining doux).
- Les données montrent une corrélation directe entre pédagogie digitale et vente in-store.
- Inclusivité, écoresponsabilité et scientificité : triptyque fondateur des lancements futurs.
Au fil de mes reportages backstage, j’ai croisé des visagistes en quête du même graal : une beauté expressive mais responsable. Si, comme moi, vous scrutez chaque nouvelle texture pour identifier la prochaine révolution, je vous invite à poursuivre cette exploration. La beauté n’est jamais figée ; elle se raconte, se nourrit d’histoire et se réinvente au gré des lumières d’atelier. À très vite pour de nouvelles décryptages, pinceaux et chiffres à l’appui.